En sophrologie, nous portons notre attention sur le corps et par la régularité de la pratique nous renforçons la conscience du corps, la conscience du ressenti, juste en étant présent aux sensations corporelles dans une dynamique d’accueil.
“Juste en étant présent aux sensations corporelles dans une dynamique d’accueil” : simple en théorie mais en pratique cela devient un peu plus compliqué. Le mental prend le dessus et le corps se fait vite oublier. Il est fréquent d’entendre pendant une séance de sophrologie des personnes dire : “Je viens de me rendre compte que j’avais un corps”, ou “je ne ressens rien, je ne pas mon corps”.
Vous trouverez au paragraphe suivant l’extrait d’un livre qui me touche par la justesse du lien entre mon ressenti et les mots de l’auteur : “La voie du sentir” de Luis Ansa. Cet extrait illustre l’importance de la connaissance du corps, ou plutôt devrais-je dire de la connaissance par le corps. En effet, il ne s’agit pas de connaissance anatomique ou physiologique mais d’apprendre à connaitre par le corps.
Emmanuelle COMBE
Extrait : Robert entretien de Robert Eymeri avec Luis Ansa, Entretien sur le seuil
” Voyez-vous me dit-il, l’homme occidental est allé tellement loin dans le monde de la pensée, qu’il en a oublié son corps. C’est comme s’il avait laissé derrière lui son organisme physique, avec sa sensibilité et tous les modes de perception qu’il contient.
” Mais ce corps constitue justement une aide précieuse pour cristalliser ce que vous vivez ce que vous vivez, pour incarner vos expriences, afin que votre vie ne soit pas une accumulation de théories ou d’opinions par lesquelles vous savez beaucoup de choses mais avec lesquelles vous pouvez peu intérieurement.
“Acquérir le pouvoir d’agir sur soi-même, ce n’est pas un péché, c’est une qualité. Mais vous devez commencer par connaître quelles sont vos possibilités, votre disponibilité, savoir jusqu’où vous pouvez aller et comment y aller, car vous ne pouvez pas prétendre aller au-delà de ce que vous pouvez.”
Je lui demandai quelle était alors la première étape pour acquérir le pouvoir d’agir sur soi-même. Sa réponse fusa instantanément.
“Revenir au corps, voilà le grand secret ! Revenir à lexpérience du corps dans la vie sensitive. Revenir à tout ce que l’on récolte sensitivement, émotionnellement, et qui permet, non pas de nourrir le mental, mais un autre corps d’entendement. C’est à partir de là que peut surgir un autre type de regard. Mais pour cela, il faut nourrir sa vie, la créer, sortir de la répétition et du connu. Ce connu est une base extraordinaire, mais c’est aussi un piège énorme parcequ’il n’offre pas l’opportunité du changement.
“Prenons l’exemple de notre rencontre. Vous êtes une situation humaine que je ne connais pas. en ce sens, j’ignore tout ce que vous pouvez déclencher en moi. Vous êtes un évènement et je suis à l’accueil de cet évènement. Vous voyez, la situation est créée. Et cette situation est le résultat de vous et de moi, de notre relation. Maintenant est-ce qu’il y a plus de vous ou plus de moi dans cette situation, cela ne m’intéresse pas, c’est la perméabilité entre vous et moi qui m’intéresse.”